LA CONTRACEPTION :
Une affaire réglée ?
Nous sommes convaincu.e.s que non.
D'abord parce que le nombre de grossesses non planifiées est encore très haut en Europe
(jusqu'à 30% en fonction des études)
mais également parce que la charge de la contraception, qu'elle soit mentale, financière ou de santé
est portées en trop grande majorité uniquement par des femmes.
La contraception nécessite d’empêcher des spermatozoïdes de rencontrer un ovule.
Toute grossesse provient de cette rencontre.
Quand on produit du sperme et que l’on souhaite prendre la responsabilité de sa propre fertilité il faut donc
agir sur son sperme.
Voici une présentation rapide des différents moyens d’actions existants.
Vous pouvez suivre les liens sous chaque méthode pour en savoir plus, ou contactez l’association :
contact@sharedcontraception.org ou sur Instagram.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions !
1) La méthode barrière
Cela empêche les spermatozoïdes éjaculés fertiles de féconder l'ovule. Les spermatozoïdes sont produits, rejoignent le liquide séminal et sont éjaculés, mais on les empêche de rencontrer l'ovule afin de ne pas provoquer de grossesse.
Pour les personnes ayant des testicules, les méthodes de barrière sont les préservatifs, le retrait et la vasectomie.
Le préservatif est le seul dispositif qui permet de se protéger également des IST.
La méthode du retrait est reconnue comme une pratique existante mais très peu efficace. Les études montrent un risque de grossesse d' 1 chance sur 4.
Concernant le préservatif, il y a une grosse différence entre l’efficacité théorique (99%) et l’efficacité pratique constatée (82%). Son efficacité est optimale s'il est bien posé et à la bonne taille : un préservatif trop grand a plus de risque de s'enlever, se déchirer ou présenter des micro-fissures.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le préservatif est lubrifié pour conservation dans son emballage mais cela ne suffit pas toujours pour un rapport. Il est fortement conseillé d'utiliser un lubrifiant adapté pour éviter des micro-fissures, déchirures, et améliorer le confort des deux partenaires.
Device Name | Availability | Certification | Find out More |
---|---|---|---|
Condoms | Yes | Yes | |
Withdrawal / Coitus Interruptus | Yes | Yes |
2) Méthode mécanique
Les spermatozoïdes sont produits dans les testicules, mais ils ne peuvent pas remonter le canal déférent et ne se mélangent donc pas au liquide séminal.
L'éjaculat contient donc peu ou pas de spermatozoïdes.
Cette méthode n'affecte pas la production de spermatozoïdes elle-même, ni la production de testostérone, ni la mécanique érectile.
La plus connue de ces méthodes est la vasectomie, mais d'autres techniques prometteuses sont en cours de développement.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les spermatozoïdes ne représentent que 2 % de l'éjaculat !
Le reste est un ensemble de sécrétions produites par différentes glandes. La contraception ne change donc rien à l'éjaculation : même texture, même couleur, même odeur, même goût...
La vasectomie, la méthode mécanique la plus connue, consiste simplement à couper les canaux déférents - les tubes qui transportent les spermatozoïdes vers le reste du liquide séminal qui sera éjaculé.
L'opération ne dure que 15 minutes et peut être réalisée sous anesthésie locale.
Attention : la vasectomie est certainement la technique de contraception la plus efficace, mais elle doit être considérée comme un acte irréversible. Bien que les techniques de reconstruction des canaux déférents (vasovasostomie) fassent des progrès considérables, il existe dans l'organisme une réaction auto-immune, encore mal connue, qui rend les spermatozoïdes inopérants avec le temps.
La reconstruction des canaux ne rétablit pas toujours la fertilité.
Il faut noter qu'il est possible de faire conserver les spermatozoïdes avant l'opération, mais comme il s'agit ici de partager la charge contraceptive, il ne faut pas oublier que la conservation des spermatozoïdes implique un parcours de PMA pour le partenaire en cas de désir d'enfant.
En raison de l'efficacité de la méthode mécanique, la vasectomie « réversible » est le Saint Graal de la contraception testiculaire ! De nombreux prototypes sont actuellement à l'étude, et ce depuis des décennies.
Il s'agit notamment du RISUG® et du VASALGEL®, qui consistent tous deux à injecter un polymère dans le canal déférent. Ce polymère agit comme un « bouchon » ou un « filtre », empêchant les spermatozoïdes d'atteindre le liquide séminal.
Le polymère peut ensuite être détruit soit naturellement, soit par une simple injection à la demande, ce qui permet un retour à la fertilité.
Il y a aussi le Sperm-Switch, anciennement connu sous le nom de Bimek. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un interrupteur placé sur le canal déférent, activé par une pression sous la peau. Il ouvre et ferme le canal déférent, permettant ou non le passage des spermatozoïdes pendant les périodes où vous souhaitez que votre sperme soit fertile.
Toutes les méthodes susmentionnées existent depuis des décennies, sans jamais être disponibles ou officiellement certifiées. Elles souffrent d'un manque d'intérêt pour la contraception masculine de la part de l'industrie et d'un manque de ressources financières pour la recherche clinique.
Cliquez sur les liens ci-dessous pour en savoir plus sur les différents projets et leur stade de développement :
3) Méthode thermique
L'augmentation de la température testiculaire pour réduire la fertilité est une technique connue depuis l'Antiquité, qui a fait l'objet de nombreuses expériences de chaleur exogène (plus ou moins agréable) :
Bains testiculaires à l'eau chaude, bains de kérosène, chauffe-cires à épiler, compresses chaudes, coussins chauffants, sous-vêtements « électriques », etc.
Mais c'est entre les années 1970 et 1990 qu'un groupe de chercheurs français a mené une série d'une vingtaine d'études cliniques pour établir un « protocole de contraception » thermique, utilisant cette fois la chaleur endogène : celle du corps humain lui-même.
Les personnes ayant des testicules disposent d'une « poche inguinale supérieure », reflet du scrotum, mais à l'intérieur du corps. Il est tout à fait possible de remonter les testicules et de les placer dans cette poche (l'exercice ne doit pas être douloureux), exposant ainsi les testicules à une chaleur corporelle constante (37°), au moins 15h / jour.
Dans 97% des cas, l'élévation des testicules selon ce protocole est suffisante pour agir sur la spermatogenèse et obtenir une contraception réversible.
Attention : la chaleur n'agit que sur la production de spermatozoïdes, pas sur la testostérone.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les testicules doivent être maintenus à une température de 35° pour produire des spermatozoïdes. C'est pourquoi les testicules, sous l'action des muscles environnants appelés crémaster et dartos, « pendent » lorsqu'il fait chaud, ou « remontent » lorsqu'ils sont exposés au froid.
La méthode de contraception thermique nécessite un outil, soit pour chauffer les testicules de l'extérieur, soit pour s'assurer que les testicules restent confortablement à l'intérieur du corps.
Vous trouverez ci-dessous une liste des différentes méthodes les plus connues :
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L'anneau Andro-Switch
Il s'agit d'un anneau en silicone breveté conçu pour s'installer confortablement sur le pénis. Il est disponible en 5 tailles pour convenir à tous.
Veuillez noter que cet anneau est actuellement en cours de certification. Pendant ce processus, il ne peut plus être vendu en tant que dispositif contraceptif. Pendant cette période, vous pouvez toutefois acheter des « Talismans réversibles ».
Le fabricant propose également sur son site les fichiers 3D d'un outil similaire, l'« Andro-Swatch », que vous pouvez fabriquer vous-même.
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Le "Slip toulousain"
Ce dispositif a été utilisé dans des essais cliniques de 70 à 90. Créé par le professeur Mieusset, il s'agit d'un sous-vêtement muni d'un trou par lequel passent le pénis et la peau du scrotum vide, de sorte que les testicules sont maintenus en position surélevée.
Il n'est plus distribué, mais on peut trouver des tutoriels sur Internet ou dans des groupes militants pour le fabriquer soi-même.
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Le JockStrap
Une sorte de harnais avec un anneau de tissu au milieu et un petit cordon pour ajuster la taille à la verge. Il doit être fait sur mesure pour être efficace. Il est facile à fabriquer soi-même avec une machine à coudre et un tutoriel en ligne, ou vous pouvez le commander auprès d'une couturière.
De nouveaux projets sont en cours d'élaboration selon le même protocole.
Il s'agit notamment du projet 37° et de la société Cobalt, deux dispositifs textiles en cours de développement.
En ce qui concerne la chaleur exogène, il n'existe pas de protocole médical validé.
L'outil le plus connu s'appelle le SpermaPause : un boxer à piles qui chauffe les testicules à 43°, permettant de les porter entre 3 et 5 heures par jour pour atteindre le seuil contraceptif.
On pourrait aussi citer le COSO, une sorte de baignoire à ultra-sons, mais ce produit n'est pas encore finalisé et nous n'avons pas d'informations sur son utilisation.
Enfin, RoNikJa a mis au point une pince à testicule ConMaCept qui utilise un courant électrique très faible pour détruire les spermatozoïdes stockés dans l'épididyme, la zone située à l'arrière du testicule où les spermatozoïdes terminent leur croissance avant de rejoindre le liquide séminal. Ce « choc » rend les spermatozoïdes stockés inopérants et les empêche de se déplacer. La personne est alors contraceptive jusqu'à ce que le stock de spermatozoïdes soit reconstitué (3 à 4 semaines).
N'hésitez pas à suivre les liens du tableau ci-dessous pour en savoir plus sur les dispositifs, les protocoles à suivre, les risques et les contre-indications :
Device Name | Availability | Certification | Find out More |
---|---|---|---|
ANDRO-SWITCH | Yes | No | |
COSO | No | No | |
SPERMAPAUSE | Yes | No | |
Slip Toulousain | Yes | No | |
Jockstrap | Yes | No | |
37° | No | No | |
COBALT | No | No |
4) Méthode hormonale
3 hormones commandent et régulent la production de testostérone et forment un système de production de spermatozoïdes autorégulé : LH et FSH. Ce système permet les différentes étapes du développement des spermatozoïdes.
Lorsque la production de testostérone atteint un certain seuil, une rétroaction négative inhibe la production de LH, ce qui fait baisser le taux de testostérone et ainsi de suite.
Ces cycles de production de testostérone se produisent continuellement dans le corps, toutes les 60 à 90 minutes, avec un pic le matin lorsque les niveaux de LH sont les plus élevés.
En fournissant à l'organisme de la testostérone artificielle en quantités suffisantes, nous pouvons activer la rétroaction négative de la LH, et donc la production de testostérone, et donc le développement des spermatozoïdes.
En d'autres termes, en faisant croire à l'organisme qu'il dispose en permanence d'une quantité suffisante de testostérone, il cessera de la produire naturellement et donc de produire des spermatozoïdes.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La testostérone est une hormone inactivée par le foie. La testostérone ne peut pas être « avalée ». C'est pourquoi il n'existe pas de « pilule » de testostérone hormonale pour les hommes.
La testostérone artificielle peut être injectée dans un muscle ou appliquée sur la peau (gel, patch).
Il existe un protocole de contraception hormonale par injection, notamment en France et en Belgique. Il s'agit d'injecter 200 mg d'énanthate de testostérone (connu sous le nom d'Androtardyl) une fois par semaine.
Ce produit est notamment utilisé pour les personnes en transition de genre, ou les patients souffrant d'un déficit en testostérone, mais n'a pas d'autorisation de mise sur le marché pour la contraception.
Certains médecins prescrivent ce produit hors AMM, car le protocole de contraception hormonale est validé par l'OMS. Toutefois, il ne doit pas dépasser 18 mois.
Une étude internationale est actuellement en cours sur un produit à base de gel, le NES/T, basé sur le même principe : saturer l'organisme en testostérone artificielle afin qu'il ne la produise plus naturellement.
4) Partager le fardeau de la contraception
Si vous n'utilisez pas de contraception, quelle qu'en soit la raison, vous pouvez tout de même en partager le fardeau. Vous pouvez l'atténuer par quelques gestes et attitudes simples :
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Partager les frais
La contraception nécessite des dispositifs médicaux, des médicaments, des visites médicales, etc. Ces dépenses financières peuvent être partagées.
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En parler
Connaître les contraintes contraceptives de votre partenaire est essentiel pour lui apporter un soutien adapté.
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Planifiez à l'avance
Mettez-vous d'accord dès le départ sur les risques d'une grossesse et sur les choix à faire si elle survient. Aucune méthode de contraception n'est efficace à 100 % et vous rencontrerez certainement des doutes en cours de route. En France, 1 femme sur 3 aura recours à l'avortement au moins une fois dans sa vie.
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Allégez votre charge mentale
Fixez-vous une alarme chaque jour pour penser à la contraception de l'autre. Gardez des préservatifs en stock, ainsi que des tests de grossesse en cas de doute ou d'échec. Lisez, écoutez et informez-vous sur le sujet, afin que le savoir ne repose pas toujours sur la même personne dans la relation.